Auteur/autrice : Paul

Journée Jules Verne et Assemblée générale 2023

Assemblée générale 2023

Notre  Assemblée générale s’est tenue le vendredi 24 mars 2023, au Pôle Citadelle de l’Université de Picardie – Jules Verne, salle E002, selon le programme suivant:

De 14h à 16h

L’après-midi s’est ouverte avec deux conférences croisées sur Les Indes noires
« Les Indes noires et The Coal Question. L’épuisement des ressources naturelles au prisme de l’économie et de la littérature. », par Louis Azan.

En 1877, Jules Verne fait paraître un roman intitulé Les Indes Noires, qui plonge le lecteur dans les entrailles de la Terre, avec une intrigue située au cœur des mines de charbon d’une Écosse industrieuse. Le roman est marqué par une inquiétude, qui plane tout au long du récit, autour de l’épuisement des ressources charbonnières. Or, un peu plus d’une décennie auparavant, l’économiste William Stanley Jevons publiait un ouvrage particulièrement remarqué en Angleterre (et relu aujourd’hui à l’aune de nos préoccupations écologiques), intitulé The Coal Question, traduisant lui aussi une crainte quant à la raréfaction de la ressource en charbon, centrale dans le développement industriel de la couronne britannique. L’enjeu de cette présentation est de construire un dialogue entre le roman vernien et les questionnements économiques de Jevons, afin de penser les résonances que peuvent entretenir un ouvrage économique et une œuvre littéraire.

Louis Azan est doctorant contractuel en histoire de la pensée économique à l’Université Picardie Jules Verne (LEFMI). Sa thèse porte sur la figure de l’entrepreneur au sein de la pensée économique libérale. 

« Les Indes noires, roman de l’impénitence », par Christophe Reffait.
L’approche des Indes noires par l’économie manifeste bien l’ambivalence fondamentale de ce roman, laquelle semble au principe des Voyages extraordinaires : le roman met en scène la relance d’une extraction minière, tout en figurant le péril de l’épuisement des ressources, c’est-à-dire qu’il rejoue l’enthousiasme de l’exploration et de l’exploitation industrielle du globe, tout en construisant un discours de l’auto-destruction de la Terre et peut-être de la culture, auquel il n’est pas facile d’assigner une place dans le roman. Personnages réversibles, récit de perte ou de privation : comme beaucoup d’opus verniens dont le progressisme ou le technicisme déclarés sont contredits par une « arrière-fable » sceptique, ce roman écossais mêle une nostalgie romantique à une forme d’auto-conviction industrialiste, jusqu’à ébranler les conventions mêmes de ce romanesque.

Christophe Reffait est professeur de littérature française (XIXe siècle) à l’Université de Picardie Jules Verne (CERCLL) et s’intéresse aux relations entre fiction romanesque et économie politique.

16h-18h

Les conférences puis l’assemblée générale ont eu lieu en salle E002, pôle Citadelle. Une collation a été proposée vers 15h30 salle E001 aux membres du CIJV, avant l’AG. Le règlement de l’adhésion annuelle a pu se faire sur place.

L’AG proprement dite, a suivi son ordre du jour habituel: Bilan moral / Bilan financier / Perspectives / Informations et Questions diverses.

Un lien Zoom a été envoyé en même temps que les précisions de titre et de salle, pour permettre aux adhérents qui sont loin d’Amiens de suivre l’ensemble de l’après-midi et d’intervenir.

Jules Verne, représentations de l’Europe au tournant des XIXe et XXe siècles

Représentations de l’Europe au tournant des XIXe et XXe siècles

« Jules Verne, représentations de l’Europe au tournant des XIXe et XXe siècles : l’exemple de la Hongrie et de l’Europe centrale et orientale ». Le programme Parceco soutient les conférences de universitaires francophones dans les pays d’Europe de l’Est. En septembre 2021, des enseignants-chercheurs et des doctorants de l’Université de Picardie Jules Verne interviendront dans des universités hongroises (ELTE, DE, PTE) et à l’Institut français de Budapest pour présenter leurs recherches sur la représentation des pays de l’Est dans l’œuvre de Jules Verne.
Il s’agit de travailler sur un Verne dont l’œuvre, roman après roman, interroge l’Europe, sa géographie, son histoire, ses frontières, son statut géopolitique en une période (le dernier quart du XIXe siècle et les premières années du XXe siècle) qui, après l’éveil des nationalités, voit les puissances impériales se déchirer avant de disparaître. Si les « Voyages » de Verne sont « extraordinaires », ils accordent une large place à l’Europe, notamment à l’Europe centrale et orientale. Il n’est aucun (ou presque) de leurs soubresauts qui soit ignoré de Verne, attentif aux luttes politiques des Hongrois (Mathias Sandorf 1885), des Transylvains (Le Château des Carpathes 1892), des pays Baltes (Un drame en Livonie 1904), curieux de la grande Russie (la guerre de Crimée dans Aventures de Trois Russes et de Trois Anglais dans l’Afrique australe 1872 ; Michel Strogoff 1876) mais aussi de l’Empire ottoman (Kéraban-le-Têtu 1883). Il n’est guère que le renouveau national bulgare qui lui ait échappé, mais son fils Michel, lorsqu’il publie en 1908 Le Pilote du Danube, version remaniée d’un texte laissé inachevé par Jules, comble cette lacune.
Il s’agira, en quelques conférences, de saisir cette Europe de Verne dans ses dimensions géographique, historique, politique. Si Jules Verne écrit pour les (grands) enfants et les adolescents, ce n’est pas pour autant que son œuvre ignore la politique entendue au sens large : bien au contraire, ce sont les futurs citoyens qu’il a pour mission de former et c’est le sentiment républicain qu’il a bientôt à charge d’éveiller. Quelle place l’Europe tient-elle dans ce projet ? C’est cette approche géopolitique que développeront aussi bien les chercheurs français (deux professeurs spécialistes de Verne, accompagnés d’un doctorant du Centre d’études des relations et des contacts linguistiques et littéraires de l’UPJV, tous trois membres du Centre international Jules Verne) et les chercheurs hongrois (un maître de conférences de l’université de Debrecen et un doctorant). Cette approche permettra de mieux comprendre, à travers l’exemple de Verne, comment et sur quelles bases s’est construite l’Europe depuis la chute des grands empires. Elle intéresse donc aussi bien les amateurs de littérature que les historiens, les géographes et les spécialistes de sciences politiques ou de médias.

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